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Voyage sur Mariehamn 3 en août/septembre 2021 retour du sud du Portugal

  • jlmaral
  • 9 avr. 2022
  • 36 min de lecture

Dernière mise à jour : 23 nov.

La boucle portugaise, retour du Portugal en passant par les Açores.


26 Août 2021 Florence est retournée travailler après un mois avec moi où nous sommes allés de la Galice à Faro. Pascal et Philippe, mes nouveaux équipiers, arrivent à Faro en fin d'après-midi. Je vais mouiller à Olhão avec Mariehamn pour les récupérer, puis je retourne mouiller à Culatra avec eux, dans la lagune pour la nuit.


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Le lendemain, visite de l'île de Culatra : son supermarché où sont autorisées 4 personnes à la fois en ces temps d'épidémie, ses bistrots où s'accoudent les pêcheurs et les touristes, et bien sûr le sable partout, les plages, les maisonnettes qui ne dépassent jamais 2,6 mètres de haut, peuplées de pêcheurs pauvres et de touristes à la recherche de soleil idiot ou d'endroits rares.


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Le lagon qui faisait autrefois la réputation de Culatra n'est plus le même. Les navigateurs fatigués, les hippies des mers, les marginaux de tout poil qui y habitaient sur leurs bateaux souvent très fatigués ont été fermement priés de déménager. Des pieux barrent l'entrée et l'ensemble fait maintenant partie du parc naturel de l'île. L'avantage est qu'on peut s'y baigner dans une eau à 27° pas trop polluée, mais un mythe a disparu.


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Seuls restent quelques Wharrams habités, dont l'un d'entre eux quitte parfois son mouillage sur la plage de Culatra pour quelques bords de portant dans la lagune, et aussi la célèbre maison de Peter qui est un jour arrivé dans un bateau étonnant et qui n’est plus jamais reparti. Cette maison, faite de matériaux de récupération est unique, surprenante et magique. Ici, on l'appelle le moulin rouge. Autrefois, Peter habitait là, son bateau échoué entre les pieux le long de son habitation ou parfois sur le bateau de son amie qui avait récupéré un ancien bateau moteur appelé "nous trois". Aujourd'hui, Peter finit ses jours à l'hôpital d'Olhão. Sa maison reste là. Et à chaque grande marée haute, la mer vient nettoyer le plancher du salon. Son bateau crève doucement dans l'anse d'après, à côté de l'épave de "nous trois". Nous avons passé 48h dans cet endroit exceptionnel, mangé du porc aux coquillages, des huîtres de la lagune. Puis nous sommes partis. Il valait mieux. On aurait pu être tentés de rester.


La Maison de Peter, ici appelée le moulin rouge, en arrivant par les dunes
La Maison de Peter, ici appelée le moulin rouge, en arrivant par les dunes

La  Maison de Peter sur la plage du lagon
La Maison de Peter sur la plage du lagon

Le lagon, aujourd'hui désert
Le lagon, aujourd'hui désert

Le bateau de Peter
Le bateau de Peter

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Lors des étapes suivantes, nous avons longé tout doucement les côtes de l'Algarve sous une chaleur de plomb.


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Nous avons admiré cette côte toute découpée, ces roches déchiquetées, ces grottes, les aiguilles si nombreuses qu'elles feraient pâlir d'envie un habitant d'Etretat.


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Des dizaines de gros pneumatiques semi-rigides fortement motorisés transportaient des centaines de touristes eux aussi venus admirer ces merveilles de la nature. Et un doux parfum d'hydrocarbure mal brûlé restait à la surface des flots, renforçant la magie de l'endroit.


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Puis nous sommes arrivés à Portimão, ville touristique de l'Algarve dont on peut ne pas parler... Ah si, le Lidl est très bien et à seulement 5 km du port.


Parfois, sur le coup de midi, une frugale collation, principalement constituée de salade
Parfois, sur le coup de midi, une frugale collation, principalement constituée de salade

1er Août 2021

Départ de Portimão, direction Sines, une navigation de 80 nautiques. Nous arriverons tard dans la nuit.


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Le début se fait en vent de travers, le long de la côte. Et nous en profitons pour regarder une dernière fois les grottes et les rochers de l'Algarve.


Puis vient Le Cap Saint-Vincent où nous devrions virer à 90° pour remonter plein nord le long de la côte Vincentina. Hélas, le vent est Nord-Ouest, ce qui nous oblige à partir vers le large pour augmenter l'angle avant de virer et de pouvoir enfin remonter au Nord sur un long, un très long bord de près le long de cette côte battue par des vagues énormes où il n’y a aucun port qui offre un bon abri avant Sines. A 4h, au milieu de la nuit, nous mouillons au fond de la baie. Des jeunes s'ébattent sur la plage. Dans la nuit, nous ne faisons que les entendre. 2 Août 2021 Réveil au mouillage dans le port de Sines. La pompe à eau ne s'arrête plus. Après vérification, nous nous rendons compte que le réservoir d'eau est vide, mais que la cale est inondée. Direction les pontons de la marina pour réparation. Nous pompons, vidons, épongeons, séchons. Un raccord a cassé. Et la pompe à eau douce a vidé le réservoir d'eau douce dans la cale. Nous réparons et remplissons à nouveau notre réserve d'eau douce. Puis balade en ville et bière en terrasse.


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Nous recevons le résultat du test concernant Philippe. Il est indemne de toute contamination par ce fichu virus. Nous pouvons partir. Nous avons étudié les prévisions météo et elles nous conviennent. L'alizé portugais est un peu plus étroit que d'habitude et pas trop fort. Si nous partons le matin, nous aurons peu de vent jusqu'à 17h, puis une grosse vingtaine de nœuds jusqu'à minuit à une allure qui sera entre le travers tribord amure et le près bon plein. Ensuite, le vent devrait faiblir à 15 nœuds, puis moins dans la matinée suivante avant de se renforcer jusqu'à presque 30 km sur la bande côtière des 100-150 milles. Mais nous pensons que nous serons alors juste après cette zone et que nous pourrons éviter ces conditions un peu fortes. 3 Août 2021 - Jour 1 Ce matin, nous sommes à la fois tendus car nous partons pour 5 à 7 jours de mer, et aucun d'entre nous n'a jamais fait d'étape aussi longue, et nous sommes aussi impatients de réaliser ce rêve. Au début, c'est nul. Pas de vent. Moteur. On discute. A 16h, ça commence à souffler. Il faut dire que lorsque la météo dit 20 nœuds, c'est sans compter les rafales. Alors on prend un ris, on réduit le génois, on le réduit encore, on prend le deuxième ris, on délaisse le génois pour la trinquette. Et bien sûr, on se fait secouer car, pas de chance, on est au près. On se félicite d'avoir pris un peu de Nord quand le temps était clément. Et on avance dans des gerbes d'écumes. On monte, on descend, on se cramponne, et même parfois, on vomit un peu, mais toujours avec distinction.

Le pilote tient le bateau sur sa route et on reste à l'abri de la capote en regardant passer les paquets de mers par-dessus. Bien sûr, même à l’ abri, on est éclaboussé, trempé. Mais on continue de se cramponner en vérifiant de temps en temps que sa longe et celle de ses coéquipiers est bien frappée sur le point d'attache.


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A minuit, certains profitent de la baisse du vent et de l'adonnante pour aller se coucher. Durant toute la nuit, dans une mer qui se calme tout doucement, nous allons foncer dans le noir, bien aidés par la veille électronique qui nous situe les cargos, très nombreux cette nuit-là. Nous les identifions sur l'écran, nous savons où ils sont, qui ils sont et où ils vont. Alors les croisements sont faciles malgré la mer un peu forte. Après 24h, nous sommes à 144 nautiques de Sines et de la statue de Vasco de Gama. On remarquera au passage que Vasco aurait pu s'appeler Vasco de Sines et on pourra s'étonner qu'il ait choisi de placer après sa particule un nom qui fait furieusement penser à un nom de lessive. L'un d'entre nous pense que c'est parce que Gama Soutra, mais nous n'en sommes finalement pas très sûrs. 4 Août 2021 - Jour 2 Mon premier matin humide depuis deux mois. Lever sous un crachin breton. Tout ruisselle. A l'intérieur, ça ruisselle aussi pas mal car les paquets de mer que nous avons pris hier soir se sont partiellement infiltrés à divers endroits. Ça m'ennuie. Notez la litote. Et j'essuie. Relevez la rime. A midi, au menu, steak de thon aux oignons. En effet, hier, juste avant le vent, j'ai pris une bonite d'un kilo. On se régale. Journée sans beaucoup de vent. On avance quand même On règle les voiles que l'on a maintenant hautes. On discute. Et surtout, on regarde la mer, et le flux et le reflux nous font marrer. Aucun poisson ne s'intéresse à nos leurres. Alors le soir, je fais des nans. Il faut dire qu'on a oublié de faire un stock de pain avant de partir. Je ne suis pas très fier de cet oubli, mais nous avions tellement d'autres sujets de préoccupations que celui est passé à la trappe.


Ce soir le soleil se couche devant, légèrement sur la droite
Ce soir le soleil se couche devant, légèrement sur la droite

Lorsque la nuit tombe, je me retrouve seul dehors. Je veille une mer où il n'y a personne à 25 nautiques à la ronde et où, de toute façon, l'AIS veille mieux que moi. Alors je rêve, je note quelques pensées, je regarde le noir profond de l'océan, les lueurs des étoiles et, de temps en temps, je donne un ou deux tours de manivelle en me persuadant que, grâce à ça le bateau, va doucement accélérer. Le vent mollit inexorablement. Le claquement des vagues sur la coque et le pont devient clapotement, puis clapotis. La vitesse s'effondre. Je donne quelques tours de winch, tout doucement pour ne pas réveiller mes équipiers. La vitesse continue de tomber. Je regarde aux alentours. La mer est vide, comme annoncé par l'électronique. Si on se traîne encore comme ça, dans un quart d'heure, je démarrerai le moteur pour donner un peu d'appui, mais ça va réveiller mes équipiers. Puis le vent reprend à nouveau. Et nous accélérons à presque six nœuds, certainement grâce à ces quelques tours donnés il y a un quart d'heure. J'ai bien fait de ne pas démarrer le moteur. Nous marchons tranquillement, dans une nuit calme, douce. Certains dorment. Parfois, je vois passer la station spatiale et j'imagine que Thomas Pesquet me fait signe derrière son hublot pour me demander un autographe.

Le second jour s'établit à 138 nautiques. Compte tenu des variations de vent que nous avons eues, nous sommes satisfaits. De toute façon, nous voulons l'être. 5 Août 2021 - Jour 3 Il est deux heures. Nuit noire. J'entends un énorme plouf juste derrière moi. Je me redresse pour voir la mer et comprends : une bande de dauphins est poursuivie par deux ou trois orques, certainement affamés. Comme le plancton est ce soir phosphorescent. Ce sont des traînes brillantes qui zèbrent la surface de l'eau. Bien sûr, certaines de ces traînées fines sont poursuivies par une autre traînée beaucoup plus massive. Pendant cinq minutes, la mer est irradiée de lueurs brillantes tout autour du bateau. Je ne suis pas très rassuré car les attaques d'orques sur les voiliers sont très courantes sur l'Ouest de la péninsule ibérique et je crains que ces bestioles ne délaissent les dauphins manifestement très agiles : il leur suffit de tourner à angle droit lorsqu'ils sont à pleine vitesse pour que la grosse bête continue tout droit. Je n'aimerais pas que ces saletés d'orques se rabattent sur le bateau et croquent ses safrans. Trop de bateaux ont vécu ce désagrément dans les jours qui ont précédés. Enfin, ces bêtes s'en vont. J'en suis ravi. Sur le coup des trois heures, je vais me coucher et réveille mes équipiers. Ils ont de la chance. Le vent forcit en restant modéré. Le bateau marche bien pendant quelques heures. Et moi, je décolle dans ma couchette.


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La journée s'écoule ensuite comme la précédente. On peaufine quelques réglages, mais objectivement assez peu. On cuisine, ce qui prend pas mal de temps dans cet espace qui bouge toujours. On mange. On surveille les lignes de traîne. Deux touches aujourd'hui, mais les poissons se décrochent illico. On lit. On dort à tour de rôle. On discute. On se lave. On s'émerveille sur ce bateau qui taille sa route, sans dépenser d'énergie. On imagine des lignes de cargo régulières qui pourraient transporter du fret à la voile. Et, au-dessus de nous, Thomas Pesquet passe la tête par le hublot pour nous dire qu'il est d'accord avec nous, mais nous ne l'entendons pas.

Je tente une réparation sur le circuit des panneaux solaires. Il semble que ce soit un fusible qui ait encore grillé. Je le change. On verra si ça marche demain.

La nuit tombe et je me retrouve à la veille dans un vent mollissant qui parfois se renforce un peu avant de retomber. Alors je donne parfois un tour de manivelle et je me convaincs que le bateau marche mieux. Là-haut, Thomas Pesquet passe le bras par le hublot avec le pouce levé.

Personne à plus de 25 nautiques à la ronde. J'aimerais pourtant pouvoir appeler un cargo à la VHF pour lui demander la météo pour les jours à venir afin de potentiellement recaler ma route.


6 Août 2021 - Jour 4

Le rituel est respecté. A 3h, je réveille les autres, tous les deux, car ils préfèrent tenir leur quart ensemble.

Vent faible cette fin de nuit. Parfois on met en route le moteur pour une heure, puis on l'arrête car il y a assez de vent. A 10h, nous n'avons parcouru que 124 nautiques, notre plus mauvaise journée sur ce plan. Mais demain risque d'être pire puisque le vent refuse en mollissant.


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A 11h, j'entre en contact radio avec un porte-containeurs qui accepte de me passer la météo. Nous resterons au près serré toute le journée par 16 nœuds de vent WNW (pour un cap au 265), demain NNW à 15 nœuds, après demain NNW à 14 noeuds. On aurait aimé un peu plus de nord !


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Pascal n'est pas bien. Les secousses lui ont déclenché un bon mal de dos. De plus, il a le mal de mer, malgré cachou et re-cachou. Il souffre. Il essaie de ne pas le laisser paraître, mais il n'en peut plus. L'adage concernant le mal de mer se vérifie une fois de plus. Au début, c'est terrible car on croit qu'on va mourir. Ensuite, c'est pire car on se rend compte qu'on n'en meurt pas. Il somnole dans son coin, abruti par les médicaments, parfois mange un peu avant de vomir. Journée maussade. On se traîne. Le soir arrive. Le vent devient plus favorable. On avance un peu mieux, peut-être ferons-nous plus de 100 nautiques si la nuit qui vient est avec nous. Je surveille mes réglages, la direction du vent et nous ne marchons pas trop mal. Je m'applique pendant que les autres dorment. Le bruit des vagues devient régulier, c'est bon signe. Hélas, ce soir, Thomas Pesquet ne nous encourage pas. Nous sommes seuls au milieu d'un océan qui ne nous donne pas le vent qu'il nous faudrait. Un vague doute s'installe. 7 Août 2021 - Jour 5 C'est dimanche, jour des gâteaux. Nous sortons un brownie de chez Forchy. On remarquera la richesse de la rime en i, signe indubitable qu'un brownie Forchy ne peut-être que très bon. La journée démarre sous des hospices favorables puisque nous avons fait 130 milles nautiques à 10h. La bonne moyenne de la nuit a sauvé la journée. De là à penser que les gâteaux Forchy ont aidé, il n'y a qu'un pas, mais nous ne le franchirons pas.



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Le vent, conformément aux prévisions météo, a bien adonné. Et nous ne sommes plus au près serré. Nous pouvons à nouveau nous déplacer sans nous cramponner. Le bateau marche mieux. La glisse est plus souple. L'avant ne claque plus dans les vagues. Tout va mieux. Pascal n'a plus trop mal au dos et le mal de mer a disparu. Soulagement, d'abord pour lui, ensuite pour les autres. La journée se déroule tranquillement. Lorsque le vent monte, le bateau accélère. Lorsque le vent descend, il ralentit. Mais la vitesse reste toujours supérieure à ce qu’elle était les jours précédents. Le pilote donne de petites oscillations de part et d'autre. Nous le regardons faire respectueusement. Nous admirons la mer, le bleu des grandes profondeurs, la taille de la houle qui forme des collines éphémères sur la ligne d'horizon. Nous dormons sans être bousculés, ni tassés sur le côté de la couchette, et nous imaginons une journée à 150 nautiques si la nuit nous offre du vent. Mes coéquipiers profitent que je dors profondément pour faire des pâtes au repas du soir. Ils sont fiers de cette plaisanterie d'adolescents. Depuis qu'ils sont là, j'ai mangé plus de pâtes que dans les trois ans écoulés. Je me venge au dessert en dévorant le reste du brownie sous leurs yeux. Et là-haut, Thomas Pesquet se marre en se promettant d'emporter du cake Forchy lors de sa prochaine expédition. Au point du soir, nous nous rendons compte que nous approchons sérieusement du but. Sauf gros imprévu, nous devrions arriver dans moins de deux jours. La nuit est claire, calme. Le vent diminue tout doucement. Pour limiter les coups de bôme quand le vent est insuffisant, je tends la retenue. Parfois on traverse un banc de brume : c'est une purée épaisse qui se limite à quelques mètres au-dessus de la surface de l'eau et qui n'empêche pas de voir les étoiles au-dessus du feu de mât. Très rarement, au loin des feux de cargo, celui-là s'appelle Atila, vient de Gibraltar et va à Houston. Nos routes sont parallèles. Comme il ne marche qu'à 10kn, nous resterons en contact une grande partie de la nuit. La nuit prochaine, peut-être verrais-je des pêcheurs, ou alors un autre voilier qui ferait lui aussi route vers les Açores.

8 Août 2021 - Jour 6 Nous nous retrouvons tous dans le cockpit au réveil. "Au réveil" signifie quand tout le monde est sorti de sa couchette, c'est-à-dire sur le coup des 11 heures. En effet, je termine mon quart après 4h. Alors j'émerge assez tard pour ce moment qui devient doucement rituel. Nous échangeons sur les conditions de la nuit et je calcule la distance parcourue. Nous sommes à 153 nautiques, notre meilleure journée. Nous sommes maintenant à moins de 100 nautiques de Vila do Porto, sur l'île de Santa Maria. Un sentiment de joie, de satisfaction flotte autour de nous. Les jours passants, je me rends compte que mon corps s'habitue à ces conditions de repos étranges et j'arrive de mieux en mieux à récupérer. Ce matin, ils ont démarré le moteur sur le coup des 9h et je ne me suis pas réveillé. Le vent de Nord par notre travers n'est plus qu'un doux souvenir. Une fois de plus, nous sommes au près qui devient près serré vers la fin de l'après-midi.


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A 18h, Pascal remarque au dernier moment un paquet de cordage qui passe sous l'étrave et qui ne ressort pas sur l'arrière. Nous regardons par le puit de dérive, rien. Nous regardons derrière, rien. Nous démarrons le moteur et embrayons, le moteur cale. Soyons positifs ! On sait où est ce foutu bout, mais c'est quand même bien embêtant. Nous mettons en panne et un morceau de cette énorme amarre de cargo dépasse derrière le tableau arrière. Pascal s'attache, descend sur la jupe, croche l'énorme bout, tire, pousse, tire et fait glisser comme il peut.


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Sans grand résultat, alors il continue, continue. Au bout d'un certain temps, la pelote gigantesque se décoince et sort toute entière sur l'arrière. Elle est énorme. Nous la laissons à la dérive, d'autres pourraient en avoir besoin ! En fait, c'est tellement gros que nous ne pouvions la remonter à bord. C'est bien dommage car j'aurais certainement pu en tirer 30€ sur Leboncoin.

Le vent continue de refuser. Nous descendons trop vers le sud. J'appelle un cargo, "Grande Florida", pour lui demander les prévisions météo sur les 24 prochaines heures. NE 4 à 5. Ça devrait donc adonner.


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Cinq heures plus tard, nous attendons toujours l'adonnante et continuons de faire trop de sud. On vire pour un contre-bord qui devrait nous faire remonter vers la route. Nous sommes maintenant face à la houle. Ça secoue. On se cramponne. Il est trois heures du matin. On marche à 4 nœuds sur un bord qui ne nous rapproche pas de l'île. Parfois une vague recouvre le bateau. J'ai pris un ris dans la grand-voile, trois tours dans le génois. Je suis dehors, je veille et je suis heureux malgré ces conditions pourries et ce vent qui refuse.


7 Août 2021 - Jour 7


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Au petit matin, une forme confuse émerge de la brume : Santa Maria, l'île la plus au sud de l'archipel. Elle est toute petite. Mais pour nous, c'est le signe de notre arrivée prochaine. Le vent a fini par adonner. Nous sommes certes toujours au près, mais sur une route directe. Pour Pascal, c'est un peu la fin du supplice. La côte de Santa Maria est abrupte. Nous remarquons les cultures en espalier sur certains des flancs de la montagne. Parfois un village se glisse dans un repli de ses anciens volcans, et ses maisons blanches, serrées les unes contre les autres, éclairent la roche sombre. Au-dessus des sommets désertiques, au pied une eau transparente, au loin l'horizon, c'est tout.


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Le port est petit et à l'écart de la ville située 60 mètres au-dessus. C'est une atmosphère que nous ne connaissons pas. Les allées entre les pontons sont étroites. La manœuvre n'est pas facile. A midi, nous sommes amarrés. Nous venons de parcourir 800 nautiques. Malgré la fatigue, nous sommes ravis et heureux d'être là. Pour Pascal, c'est encore mieux car, enfin, ça ne bouge plus. 8, 9 et 10 Août 2021 A Santa Maria. Formalités d'entrée aux Acores, repos, sieste, dodo, apéro, courses, lessives, re-apéro, redodo et re-sieste. Philippe qui n'est pas vacciné est consigné à bord en attendant le résultat de son test covid. Les autres vont faire un tour. On loue une voiture et on parcours l'île par les routes secondaires.


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Ici, les routes secondaires sont similaires à nos chemins vaccinaux et les grandes routes à nos départementales de second rang. En fait, nous ne passerons la troisième que sur la grande route en rentrant à Vila do Porto le soir venu. Ici, une voiture à 2 vitesses serait suffisante. Nous nous gorgeons de paysage terrestres... et d'ananas.


10 Août 2021

Nous quittons Santa Maria pour l'île de São Miguel, distante de 55 nautiques.

Petite navigation voile/moteur pour cause de vent faible.

Arrivés le soir dans un port semi-industriel avec des allées bien larges et un front de mer bien laid. En bref, tout le contraire de Santa Maria.


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Formalités d'entrée (et de sortie), je passe devant les bureaux du port, de la douane, de la police maritime, de l'immigration (et oui)... C'est tout !


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11 Août 2021

Un autre grand départ, cette fois-ci pour Brest ou Camaret. Il faut toujours passer par Camaret, une distance de 1150 nautiques. Pascal a bénéficié d'une téléconsultation médicale auprès d'une toubib française et nous savons ce que nous avons à faire au cas où.

La météo sera clémente pendant au moins cinq à six jours. Ensuite, ça devrait aller. Mais la probabilité d'erreur des prévisions météo devient importante. La situation est tout de même un peu complexe puisqu'il nous faudra suivre une route un peu plus au nord de la route directe orthodromique pour éviter la panne de vent sur l'ensemble du trajet. Nous partons avec la route tracée sur notre logiciel de routage (tout neuf) et un très gros plein de gazole (600L) ! Nous longeons la côte sud de São Miguel. Et au bout, nous envoyons le grand spi. Les catastrophes s'enchaînent alors gaiement. D'abord l'écoute de spi passe à l'eau, on la récupère. Ensuite, comme le spi est trop déventé par la GV, il fait un nœud autour de l'étai. Et enfin, l'avaloir de la chaussette fait un autre nœud autour de l'étai de trinquette. L'ensemble est fermement souqué par une rafale qu’on n’attendait pas. Le tout donne un petit air de paquet cadeau à notre voilier. On bataille deux heures, tire, détortille, dévente, pousse. On s'est fait mal, un peu. On s'est fatigué, beaucoup. On s'est mouillé, avec de l'eau plus chaude qu'en Manche. On a déchiré le spi, un peu. Et on a rangé ce foutu spi en cale. Fin de l'histoire. On a continué avec le génois un peu roulé. Ça marchait à 6kn, souvent 7. Sortir le spi était une sottise, quoique puisse demander le logiciel de routage. Alors on s'est vengé. Au dessert, on a immolé le plus gros de nos ananas et on l'a mangé, avec du cake Forchy. Ensuite, ça allait mieux. La première partie de la nuit fut ventée. Nous avons foncé. Tout allait bien. Nous étions entre le grand largue et le travers. Tout le temps qu'a duré mon quart, je ne pouvais m'empêcher de penser que c'était le début du retour, le début de la fin d’une virée formidable. Nous avions commencé à rentrer. La seconde partie de la nuit fut un peu plus molle. Au bout de 24h, nous avions fait 146 nautiques, ça nous a convenu. 15 Août 2021


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Je me réveille en bonne forme et vais rejoindre l'équipage dans le cockpit pour un petit-déjeuner tardif pour moi, un second petit café pour eux. Seul Philippe est dehors ce matin, Pascal est retourné se coucher. Ils sont tous les deux fatigués car ils ont mal dormi. La journée se passe donc en sieste à tour de rôle. Pendant ce temps, le bateau file entre 6 et 7kn. J'envoie les lignes de traîne, toujours sans résultat. On mange, on parle, on rêve, on s'émerveille en regardant l'étrave du bateau qui fend les flots, on contemple la mer et le soir arrive. Doucement, la pénombre s'installe. Je me retrouve seul, je règle, je renvoie du génois jusqu'à le dérouler entièrement. Nous ralentissons. Les mouvements du bateau sont plus mous. Mes équipiers devraient pouvoir dormir plus sereinement. La lune se lève. Le vent refuse un peu. Nous glissons sur une mer devenue noire. Les heures passent. La lune devient rousse et descend vers la mer. Elle disparaît. Mon quart est terminé, je vais mettre la viande dans le torchon. 16 août 2021


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La nuit dernière a été calme. Nous avons tous dormis comme des loirs, des loirs de mer bien sûr. Il n'échappera pas à quiconque que le loir de mer est rare. Comme on sait que ce qui est rare est cher, on peut conclure que le loir est cher. Enfin nous sommes tous en pleine forme. En plus, nous sommes propres puisque nous nous lavons sur le pont à grand coup de douche solaire. Aujourd'hui, les loirs sentent bons. En tout cas, bien meilleur qu'un gugusse coincé dans une capsule spatiale qui ne peut sûrement pas prendre de douche puisqu'il n'y a pas de gravité.

Enfin, revenons à nos moutons, comme disent les marins.

A 11h30, le traditionnel pointage du jour nous donne 150 nautiques parcourus sur les dernières 24h. Nous en sommes très satisfaits.

Le vent est faible. Nous nous traînons. Le matin, ça passe encore, au moins cinq nœuds surface, si on ajoute un peu de courant portant. Merci Gulf Stream ! Nous en sommes tout à fait satisfaits. En fait, nous sommes généralement satisfaits de ce qui se passe car très contents d'être là au milieu de l'Atlantique sur un merveilleux bateau.

Enfin, revenons à nos moutons, comme disent les marins.

Nous traînons, mais c'est bon. Nous ne voulons pas trop mettre le moteur car il nous reste environ 850 milles jusqu'à la pointe bretonne. Et si des fois on se prenait une bonne houle contre nous en l'absence de vent, il se pourrait que le moteur ait besoin de combustible. Hors une dépression se creuse en ce moment en mer d'Irlande, alors que pétole est prévue droit devant.

Nous tentons un envoi de genaker. Le spi trempé et déchiré ne nous tente pas vraiment. On marche un moment avec cette voile ventrue et bariolée, puis le vent refuse et il nous faut renvoyer le génois. Alors voile, calme et progression à petits pas sur un océan tout tranquille. Ce soir, les loirs se régaleront.

Après le repas du soir où les loirs se transforment en gloutons - ce n’est pas parce qu'on a presque rien fait et bien dormi qu'on n'a pas faim - l'équipe de la seconde partie de la nuit descend dans les cabines et je reste seul à contempler l'océan devenu noir, la lune au-dessus, son reflet derrière le sillage et les étoiles.

Ce soir, Thomas Pesquet, conscient qu'il ne sent pas très bon, ne se montre pas.

La vitesse oscille entre 3,4 nœuds et 4,6 nœuds. Le bateau tangue mollement. Parfois, la dérive émet un grognement rauque ou un couinement grave. Le fil des cannes à pêche siffle un peu et quelques écoutes grincent de temps en temps. Ça ne va pas vite, mais c'est facile et confortable. La radio est muette. L'AIS indique une absence totale de présence à 25 nautiques à la ronde, même les thons ont déserté cette partie de l'Atlantique, au grand bonheur de mes coéquipiers qui voient là une source facile de raillerie puisque aujourd'hui, je dois faire partie du club très fermé des pêcheurs qui ont traîné leurs leurres plus de mille nautiques sans rien attraper.


17 août 2021


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Cette fois-ci, j'entends le moteur démarrer sur le coup des 9h. Je ne me lève pas, à quoi bon. Puis il s'arrête. Je reste dans ma couchette. S'ils ont arrêté, c'est que tout va bien. Enfin je les rejoins dans le cockpit avec ma tasse de thé.

Vent faible, au près, on se traîne à 4,5kn, une misère rendue nécessaire pour économiser le fioul.

Les prévisions météo moyen terme nous disent que le vent nous abandonnera dans les heures qui viennent.

Hélas, elles s'avèrent justes. En début d'après-midi, nous sommes contraints d'appuyer au moteur. A 22h, je roule la voile d'avant et borde la grand-voile à fond car il n'y plus le moindre souffle d'air. Si la météo continue d'être exacte, on arrêtera le Volvo dans trois jours, et ça, c'est embêtant.

Nous sommes face à un double dilemme :

- On monte le régime moteur pendant trois jours. La consommation augmente beaucoup et on arrive à 100 nautiques du sud de Sein avec un réservoir presque vide. On termine à la voile. Et on a juste assez de gazole pour se mettre au ponton. Ça marche si on retrouve du vent à l'arrivée. Sinon, c'est coton.

- On la joue sécurité sur le plan de la consommation horaire et on reste à régime modéré. On arrivera plus tard, mais on arrivera. Oui... Mais il est possible que le temps change et qu'une dépression arrive. Et une dépression sur l'Iroise, c'est coton. D'autant plus qu'après plus d'une semaine de mer, les trois papis turbos que nous sommes pourraient être un peu fatigués.

C'est pourquoi il faut que je parle avec un cargo d'ici demain soir. C'est dommage, il n'y en a pas autour de moi.

J’ai beau scruter la nuit, rien. Moins poétiquement, je jette un œil sur l'écran d’AIS, rien de rien.

Et si je n'ai pas de météo, je ne peux rien faire d'autre que de continuer tout droit en modérant la consommation de fioul.

Demain, un cargo passera près de nous.


18 août 2021


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Hier, je suis parti me coucher après 4h. Le moteur tournait à 1450 tours, l'horizon était vide et noir. Aujourd'hui, il est presque midi. Je me lève. Le moteur tourne à 1450 tours, l'horizon est vide et clair, c'est le seul changement visible. A part ça, le point de 11h30 nous dit qu'on a fait 120 nautiques dans les dernières 24h. Hélas, il nous dit aussi que nous n'avons pas encore passé la moitié du trajet.

A part la cuisine, la pêche qui ne donne rien, un brin de toilette et de ménage, il n'y a pas grand-chose à faire sur un voilier qui marche au moteur sur une mer plate. Bien sûr, si un beau thon attaquait nos leurres, ça ferait un peu d'animation. En plus, s'il était un peu gros ou s'ils étaient plusieurs, on ferait des conserves. Mais non, les thons sont ailleurs, à un congrès de thons, ou occupés à réconforter les poissons-scies qui ont des tas de soucis, ou ils ont tous été dévorés par des troupeaux d'orques sanguinaires qui ne trouvaient pas de voilier à détruire. Donc pas de conserves à faire.

Alors on lit. Je dévore un bouquin de Virginie Despentes. L'avantage est que ça se lit vite. On ne perd pas trop de temps sur les articles. On va à l'essentiel. C'est brutal à en perdre haleine. Un peu tout le contraire de la lenteur de notre journée. Le contraste est saisissant, passionnant. Lire ce texte dans ces conditions est un privilège et donne à l'ouvrage une saveur qu'il n'aurait peut-être pas eu dans un autre contexte.

La moitié du trajet, à laquelle nous sommes arrivés, donne une autre dimension au voyage. On en a fait un bout, mais il en reste encore autant. Et nous sommes sans vent, à 5kn . Il n'y a rien à y faire, et tous les logiciels du monde n'y changeront rien. On est en pleine pétole. On le savait en partant. Mais la sensation est différente quand on est dedans, quand on aimerait un peu de vent alors que rien ne se passe. On pense à avant, quand on n'avait pas de moteur, quand on attendait que le vent rentre. A ce moment seulement, on est content d'entendre le moteur.

J'appelle un bateau de pêche espagnol, le premier navire depuis plus de 48h. Enfin je vais pouvoir actualiser ma météo. Même si celle enregistrée lors du départ s'avère être encore juste à ce jour, je préfère mettre à jour mes données. Si une dépression s'annonçait sur le Gascogne, je pourrais me dérouter sur La Corogne ou Viveiro pour nous mettre à l'abri et laisser passer la brafouille. Hélas, il ne me répond pas. Pas de mise à jour. On continue et j'appellerai le suivant. La journée passe et il n'y a pas de suivant. Personne.

A minuit, je suis de quart et je regarde un écran d'AIS vide. On avance dans le noir. Je veille en me disant que je pourrais tout aussi bien aller me coucher et dormir. Je me dis qu'avec une alarme AIS plus puissante que le bip bip du système actuel, ça pourrait se faire. Il faudra que j'y pense.

Parfois, j'essaie de venter un peu la grand-voile et ça marche pendant un quart d'heure, c'est-à-dire que la vitesse augmente de 0,3kn. Ensuite ça claque, ça cogne, ça empanne. Alors je borde à fond en me disant que la prochaine fois, j'attendrai un peu avant de tenter de venter la grand-voile. Une heure plus tard, je retente la même chose, avec les mêmes résultats.

Il faudrait quand même que j'entre en contact avec un cargo.


19 août 2021


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Les traditions deviennent des habitudes : lever tardif, tasse de thé dans le cockpit, calcul de la distance parcourue dans les dernières 24h. 121 nautiques, comme hier. Je remarque la chute de la pression atmosphérique de 1025 hPa à 1016 hPa sur un jour et demi. Nous sommes à plus de 350 milles d'un abri. Si des fois cette diminution de pression était annonciatrice de mauvais temps, ce serait bien de le savoir au plus tôt. Il faudrait vraiment qu'on croise un cargo. A 13h, le transpondeur nous indique un bâtiment sur notre arrière à 20 milles, Endurance. Il fait la même route que nous et devrait être à nos côtés dans deux heures et demi car il marche à un bon 12kn. A 15h, il répond à mon appel dans un anglais de marin russe. Il accepte de me passer la météo, dans des termes simplifiés, c'est-à-dire aujourd'hui "good", demain "Finistère, north force 5; Biscay, good, south force 4 to 5". Ce n'est pas parfait. Mais à court terme, je n'ai pas besoin de plus. En tous cas, ça peut suffire pour expliquer la chute de pression et on va peut-être sortir de la pétole. Nous en avons tous assez du manque de vent. Nous espérons un changement, une amélioration, une petite brise. Nous aimerions une dizaine de nœuds, un petit quelque chose qui permettrait de se servir des voiles, un souffle qui ferait vivre ce voilier qui a le remarquable inconvénient de ne pouvoir fonctionner que lorsqu'il y a du vent. Certes le moteur nous fait avancer et nous sommes bien contents qu'il fonctionne, mais c'est bruyant, ça vibre, c'est lent et ça pue quand un vague courant d'air arrive par l'arrière. Alors oui, si nous pouvions avoir force 4 de Sud, nous serions ravis. En attendant, chacun d'entre nous va se reposer, ou s'isoler, quelques heures dans sa cabine à tour de rôle puisqu'il y a toujours l'un d'entre nous, au moins, sur le pont pour être prêt à réagir au cas où, cas bien improbable en ce moment. Nous avons détecté trois bateaux en 6 jours de navigation. Et en ce moment, c'est pétole et Volvo. Nous pouvons donc passer du temps en cabine, à lire, à dormir, à rester seul car parfois il est bon de ne pas être toujours avec les autres, même s'il n'y a pas de tension entre nous. La cuisine commence à être difficile. Nous avons épuisé le frais. Le dernier ananas a été mangé à midi. Les nombreuses conserves de plats cuisinés maison ne sont plus que souvenirs. La pêche ne donne rien, à part un grand bout de plastique croché sur le coup des 19h. Les stocks sont bas. Ce soir, c'est omelette, ratatouille en boîte et riz. Ce serait bien que demain j'attrape un thon, et quand je dis un thon, je ne dis pas une bonite rachitique, non un vrai thon, si possible un peu gros. En fait, j'en ai marre des pâtes. Ce soir, nous nous sommes autorisés un verre de vin rouge, vénielle entorse à la règle qui veut qu'en navigation, on ne consomme pas d'alcool. Sur le coup des 21h, le vent rentre enfin. Après 43h sans interruption, je coupe le moteur. Impression délicieuse, sérénité, luxe. Une demi-heure plus tard, on accélère. Cette fois-ci, on avance à plus de six nœuds. Ça pourrait être mieux, ça pourrait toujours être mieux, mais c'est déjà très bien, vraiment très bien. Si ça pouvait durer comme ça pendant trois jours, ce serait parfait. Je contacterai le prochain cargo pour préciser la météo, si possible sur plus de 24h ! Et un jour, si je pars plus loin, je prendrai un iridium. Sur le coup de minuit, le vent devient franc et fort. Je prends un ris. Nous marchons à 7kn. La pression baisse. Une heure plus tard, nous sommes à 8kn. Ça change. A 4h, second ris et trinquette. Sous cette voilure, on ne sera pas embêté pour la nuit. Nous sommes toujours au-dessus des 7kn. La pression continue de baisser, et le vent de forcir. Mes équipiers sortent de leur cabine. Je vois sur leur visage qu'ils ont mal dormi et qu'ils sont inquiets. Ils prennent le relais et je vais me coucher. Cette nuit, je hais les marins slaves qui disent qu'il va faire beau sur Biscay. 19 août 2021


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Distance parcourue sur les dernières 24h : 148 nautiques, et nous n'avons eu du vent que le soir ! La mer forcit, le vent aussi. Le Gascogne tient sa réputation. Parfois il pleut. Il fait froid. Nous n'avons plus l'habitude de ce climat. On s'habille différemment et on comprend mieux les textos des amis qui nous parlaient d'un été froid et pourri. Nous surveillons la pression qui chute encore. Il y a six jours, on avait 1025 hPa. Ce début d'après-midi, nous relevons 1008,3. L'inquiétude grandit. Il faut que ça s'arrête, sinon on va se prendre une vrai grosse tempête, et non une simple dépression estivale. Par précaution, nous prenons le troisième ris et enroulons partiellement la trinquette. Le bateau devient doux dans une mer qui ne l'est pas. Préventivement aussi, nous prenons double dose de MerCalm. Mes équipiers vont faire la sieste et tenter de dormir et je reste seul. Ensuite, on inverse. Sur le coup des 18h, la pression remonte très légèrement. A 20h, le vent commence à tourner vers l'Ouest. C'est fini, ça ne montera plus, soulagement. A 21h30, plus de vent, mer agitée, on démarre le moteur… On se dit que ce n'est pas grave, ça vaut mieux qu'une grosse tempête. Plus tard, je réduis le régime moteur et trouve un appui sur les voiles. Nous n'allons pas très vite, mais il faut que les autres puissent prendre du repos. Nous sommes passés de tribord amure à bâbord amure avec la rotation du vent. Mais hélas il est de nouveau trop faible. J'espère qu'il va se renforcer, sans pour autant atteindre la force que nous avons en début d'après-midi. Notre anémomètre est en panne, alors je n'ai pas de mesure de la vitesse du vent. Par contre, je sais, car je l'ai déjà vécu, que Mariehamn 3 fonctionne bien au portant sous GV, 2 ris et trinquette par 40kn. Et ce début d'après-midi, nous étions un peu surtoilés avec cette surface de voilure. Enfin, les russes nous avaient annoncé "Biscay : good". Si un jour, un russe m'annonce "Biscay strong wind", je ferai demi-tour. Plus raisonnablement, il faut un moyen d'avoir la météo à bord. Appeler les cargos, ça marche, mais pas toujours. Il y a des routes où il n'y a pas de cargos. A 1h, j'envoie tout le génois. Je réduis encore le moteur. La pression est stable à 1011. Je me dis qu'on doit pouvoir finir la nuit comme ça. A 3h, plus de vent. J'en ai marre. Je suis fatigué. Je rentre le génois et je borde la GV au centre. Je règle le Volvo à 1500 tours, vérifie le transpondeur AIS une dernière fois et réveille Pascal. Je vais me coucher.


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20 août 2021 Distance parcourue sur les dernières 24 heures, 138 nautiques. Reste à parcourir environ 200 milles jusqu'à Sein, Brest est à 36 milles derrière. La mer est calme et le vent trop faible. La machine ronronne toujours à 1500 tours. Mes équipiers n'ont touché ni au moteur ni au cap. Il fait un froid de canard breton. Nous grelottons de concert. Ce matin, pas d'eau à bord, la pompe tourne mais n'alimente plus les robinets. Bien sûr, nous avons une réserve d'eau en bouteille. Mais pour se laver ou pour la vaisselle, ce n'est guère pratique. Je passe deux heures à chercher la cause de la panne et arrive à la conclusion que ce doit être la pompe qui est morte. On réparera à Brest. En attendant, on va se contenter de l'eau en bouteille et on fera la vaisselle à l'eau de mer. Comme les températures sont basses, nous adaptons notre régime alimentaire. A midi, confit de cochon-choucroute, et le soir, cassoulet des Asturies. Il ne faudrait pas qu'on ait faim et qu'on souffre du froid. Ce régime réussit à merveille. Nous n'avons eu ni faim ni froid. A 14h, j'appelle le cargo "Global Faith" pour la météo. Le gentil marin philippin qui me répond me donne un bulletin météo des plus étonnants : cet après-midi vent Sud compris entre 1,6 et 24 kn, demain Nord Est compris entre 1,9 et 23 kn, dans la nuit entre 1,7 et 25 kn. Je le fais répéter. Il confirme. Je me dis qu'un second avis sur un autre cargo serait assez bon à prendre. A 17h, j'entre en communication avec le cargo "Belle Plaine". Le marin parle mieux l'anglais. Le bulletin qu'il me donne tient debout : ce soir Ouest F4, dans la nuit WNW F4, demain WNW F4 diminuant F3 en soirée ou dans la nuit, après-demain W F2 à 3. Je choisis de faire confiance à cette version, même si je garderai un œil sur le baromètre. Sur ces bases, nous confirmons notre volonté d'aller à Brest. Nous sommes en fin d'après-midi à 160 nautiques de Sein. Si nous arrivons à tenir 5,3 kn de moyenne, nous serons à l'Ouest de Sein dimanche à minuit et à Brest au port du château peu après 7h. Nous ne nous arrêterons donc pas à Camaret sauf changement d'avis entre temps. En fin d'après-midi, la météo annoncée par "Belle Plaine" s'annonce assez juste. Le vent rentre pour s'établir à un petit force 4. C'est un peu juste pour Sein dimanche minuit, alors on appuie un peu au moteur. Les voileux puristes nous jetterons le premier galet. Nous, on a hâte d'arriver. Nous n'avons plus l'eau aux lavabos. Et comme nous sommes trois papis proprets, nous irons à la douche lundi à 8h. Quoi qu'il en coûte et en même temps. La pleine lune illumine la mer de sa lueur jaunâtre. Sur l'écran de l'AIS, quelques cargos passent au-delà du cercle des 12 milles. Je ne les voit pas, mais je sais qu'ils sont là. Leur présence rassure, même si le risque de collision arrive alors qu'on se rapproche des côtes et des routes de circulation des grands navires. J'ai aussi l'impression de changer de mer ou de navigation. Il y a du monde autour de nous. Nous sommes à moins de 150 nautiques de la terre. Ce n'est plus de la navigation hauturière. Je reviens en terrain connu et ordinaire. Je suis de retour. 22 août 2021 Matin gris. Matin froid. Matin méchant. Autour de nous des cargos. A une soixantaine de milles devant, Sein. Après, c'est Brest. Hier, 126 milles. Reste moins de 100 milles jusqu'aux pontons, 100,1 jusqu'à la douche, 101 pour la viande, la bouteille de vin, les croissants et le pain frais. Le vent est faible. On s'appuie au moteur. De toute façon, on sait qu'on aura assez de gazole pour terminer. Et sans moteur, on n'arrive pas à dépasser les 3kn malgré la minutie que déploie Philippe pour régler les voiles, parfaitement mettre la GV parallèle au génois, peaufiner le réglage du point de tire du génois qui, comme nous le savons tous, se trouve plus ou moins en avant ou en arrière de la bissectrice de l'angle des bords de la voile au point d'écoute, donner du creux aux voiles sans pour autant les faire faseyer. Rien n'y fait, pas assez de vent. On appuie au moteur et on marche à 5kn. Tant pis, nous ne sommes pas de vrais "voileux" et on nous jettera des galets quand on arrivera à Saint-Valery-en-Caux. L'Iroise est calme. Un résidu de houle nous fait mollement tanguer. Les dauphins sautent autour du bateau, mais je ne les regarde pas. Nous avons passé la ligne de sonde des 200m et sommes sur le plateau continental. Bientôt, nous entrerons dans les eaux territoriales. La journée s'écoule doucement. Nous parlons peu, sauf au moment des repas. Il ne reste que très peu de l'avitaillement initial et le choix des menu est limité. Une bonne partie de l'après-midi est consacré à la lecture. En début de soirée, un cargo russe est interpellé par "Ocean traffic" car une pollution a été détectée juste dans son sillage entre Yeu et Belle-Ile sur le coup des quatre heures du matin. Le russe confirme qu'il était bien là-bas à l'heure dite, mais affirme de sa belle voix grave de marin russe jamais à jeun que ce n'est pas lui qui a dégazé. Ocean Traffic le croit, le remercie pour sa collaboration et le laisse continuer. A bord, nous sommes éberlués. Sein se rapproche et nous ne la voyons pas. C'est normal, c'est une île très basse. Certains disent que lorsqu'on voit Sein, c'est trop tard. "Qui voit Sein voit sa fin". Proverbe un peu extrême, mais qui était certainement plus justifié autrefois. La nuit tombe, la brume aussi. Et c'est sûr, il vaut mieux ne pas voir Sein ce soir. Au loin sur tribord, le phare de la vieille me gratifie de quelques éclats qui peinent à trouer le brouillard. Devant, la balise Ouest de la chaussée de Sein devrait clignoter, mais je ne la voie pas. L'AIS me la place à moins de 4 milles sur tribord avant. Il faut que je surveille la dérive courant franchement contre moi ce soir car il pourrait me rabattre sur la chausse de Sein et ses cailloux si je donnais un peu trop d'Ouest. Ce serait quand même bien si la balise sortait du brouillard que je puisse faire un relèvement, mais je crois que ça n'en prend pas le chemin. Dix minutes plus tard, la vieille a disparue dans la purée et je navigue sans autre repère que l'électronique. Pourtant la visibilité n'était pas si mal cet après midi ! J'aime les brumes. Je trouve les visibilités brutales des mers du Sud imbéciles. J'apprécie l'atmosphère créée par le manque de visibilité et je prends plaisir à naviguer aux seuls instruments. Je n'ai pas peur, certes avec l'aide d'une bonne carto, d'un AIS, d'un radar. Je n'ai pas de difficulté à me rendre compte que ces appareils valent bien l'œil humain, surtout si c'est le mien qui est quand même bien déficient. Mais cette nuit, je suis chagriné de ne pas voir la côte apparaître, au moins de par ses lumières et ses phares. L'Iroise est la côte de France qui a le plus de phares, et cette nuit je ne vois rien. Après minuit, le courant s'inverse. Le risque de dériver vers la chaussée de Sein disparaît. Reste le brouillard. J'avance doucement vers les tas de pois et Brest. Normalement, je devrais commencer à distinguer le feu de la pointe Saint-Mathieu, maintenant ou dans une heure. Hélas, cette nuit, c'est purée. J'en ai marre et me dit qu'il vaut mieux que je prenne du repos. Je réveille mes coéquipiers avant de tenter de trouver les bras de Morphée. Hélas, ce soir, Morphée n'est pas ma copine et je ne dors pas. C'est la fin du voyage, l'arrivée sans que j'ai vu les feux de l'Iroise, bientôt le goulet et la rade de Brest qui n'est plus la mer, n'en déplaise aux Brestois. Je ne dors pas. Je ne me repose pas. Et quand mes coéquipiers m'appellent pour la fin du goulet, j'ai du mal à sortir de ma couchette. Un cafard moldave m'a mordu derrière la tête et ne me lâche pas. Quand j'arrive dans le cockpit, il fait clair. Devant, le petit minou éclaire la sortie du goulet. Plus de purée. Mes équipiers me disent que ça s'est levé juste après que je sois descendu. La vie est injuste. Derrière ma nuque, le cafard moldave ricane en douce. Nous entrons dans la rade, puis dans le port militaire. Le Moldave resserre un peu son étreinte et je me fais un petit malaise. Je passe la barre. On met en panne au milieu du port militaire. Je tombe sur mon cul et sur le banc. Notez le zeugma. Je récupère, me relève, me débarrasse du Moldave. Et nous rentrons dans le port de plaisance. Nous venons de faire 1200 milles. Nous sommes heureux, et peut-être même un peu satisfaits de ce que nous venons de faire. Nous nous mettons au ponton gazole. Maintenant, plus rien ne pourra m'empêcher d'aller plus loin. Je rate ma manœuvre et percute le bateau d'en-face. J'entends une nouvelle fois le cafard moldave ricaner. A Brest, Pascal nous quitte. François le remplace. Le temps vire au Nordeste. Pas l'idéal pour rentrer sur la Normandie. Il faut aussi faire quelques démarches vis-à-vis de l'assurance et de notre accrochage avec "l'Albert Lucas", car il y a quand même un peu de dommage. Ensuite, nous allons mouiller à Porz Coz, derrière le cimetière de bateaux militaires, au fond de la rade. On s'échoue de travers dans la nuit. On dort contre la coque. Puis on respecte la tradition et on part à Camaret, comme dans la chanson. Le temps est toujours Nordeste un peu fort. On reste à Camaret deux nuits. Ensuite, on se décide. Les prévisions indiquent dix jours de ce temps. Comme le vent diminue la nuit, on va naviguer la nuit et on se reposera le jour. Nous partons à 2h pour l'Aber Wrach en espérant être à 3h48 à la pointe Saint-Mathieu pour être au Slack et prendre ensuite la renverse sans subir les remous qui sont toujours désagréables à cet endroit quant le courant est rétabli. Nous y sommes à 3h45, dans les temps ! On embouque le chenal du Four au moment où il est calme, lisse, tendre. Avant la Vaĺlebelle, je vais me coucher. Je m'endors quelques minutes et je suis réveillé par le clapot musclé et énergique de la sortie du four. Le vieux loup de mer que je suis dit à Philippe qui est en face de la carte : "on est au phare du four ?". Et je l'entends me répondre "non, on a passé la Grande Basse Porsall et on verra bientôt la Libenter". Je me recroqueville dans ma couchette. J'ai dormi trois heures. Le four est quinze milles derrière. Et rien ne ressemble plus à une vague un peu sèche qu'une autre vague. Nous entrons dans l'Aber en même temps que le soleil se lève et mouillons devant la jetée. Le lendemain, départ tardif à 5h du matin. Nous trichons un peu et suivons des pêcheurs. Ils sont équipés d'un très puissant phare à l'avant qui leur permet d'éclairer les balises qui, jusqu'au petit pot de beurre, ne sont pas lumineuses. A la Libenter, nous prenons à l'Est direction Batz. Nous avançons lentement, au moteur contre vent et vagues. Le temps passe, la vitesse diminue, le moteur tourne rond, mais le bateau n'avance pas. A mi-courant, nous nous traînons à 2kn. Misère et déprime. A cette allure-là, on ne sera pas dans le chenal avant la renverse et on va se prendre le renforcement du vent qui arrive tous les jours en début d'après-midi en ce moment. On annonce un petit 30kn sur Batz. Il y a longtemps j'avais eu 25kn portant et je me souviens de l'état de la mer autour de la Basse Plate, à l'entrée du chenal. Je n'ai pas envie de ça, surtout plus fort et contre ma route. Pourquoi marchons-nous aussi lentement ? Je mets sous voile, au louvoyage. On marche à 5,4kn, ce n'est pas pareil ! On doit avoir un gros paquet d'algues entortillé autour du moyeu de l'hélice. Et tout le monde sait que quand il n'y a pas d'hélice, c'est là qu'est l'os. Alors qu'on fait route à la voile, je démarre le moteur, embraye en arrière et accélère à fond. Rapidement, nous ressentons une grosse vibration, puis plus rien, mais fort ralentissement. Les algues sont parties ! A l'approche de la basse plate, nous mettons en marche avant et faisons route directe vers le port de Batz, le long du chenal. Notre hélice marche parfaitement. Nous trouvons une place dans le sud est de la rade. L'ancre est mouillée à la perfection, la manœuvre nette et brève. Le cadre est toujours aussi beau. Arrive un premier gus sur une annexe qui nous informe qu'on a pris la place de la vedette qui relie le continent. Comme il n'y a déjà plus beaucoup d'eau, on se dit que ce n'est pas maintenant qu'elle va arriver et on décide de rester là. Arrive un second gus sur une SUP qui nous informe qu'on a pris la place de la vedette qui relie le continent et qu'on risque de s'échouer de travers. Comme il n'y a déjà plus beaucoup d'eau, on se dit que ce n'est pas maintenant qu'elle va arriver et on décide de rester là. En plus, les vieux loups de mer que nous sommes voient bien que le fond est assez plat. La mer baisse. Maintenant, plus personne ne viendra. On va faire une petite sieste. Et deux heures plus tard, le bateau s'échoue de travers, méchamment. On se réveille, sortons à grand-peine de ce monde qui penche et partons pour une balade de l'île. Quand l'eau revient, on donne cinq ou six mètres de chaîne pour sortir de cette souille. Le vent hurle toute la nuit et se renforce un peu le matin. Matin chagrin, matin venteux, matin méchant, encore un matin qui ne sert à rien. Nous allons nous mettre à l'abri à Morlaix car il n'y a rien à attendre des jours et surtout de la météo qui vient. Au départ, comme nous serons dans un chenal étroit, très étroit même (16), nous ne mettrons pas de voile et progresserons au moteur. Ar Chaden, la dernière cardinale Sud, nous voit arriver et nous envoie ce quelle sait faire de mieux. La bougresse nous montre son savoir faire. Nous avançons péniblement. Nous mettons plus de deux heures pour faire 4 milles. Maintenant, nous sommes en retard pour l'écluse de Morlaix. On pousse un peu la manette de gaz et on passe devant le château du taureau à 7kn. Les portes de l'écluse ouvrent pile quand on arrive. Quand on entre dans le bassin, l'employé du port, plus communément appelé François, est là sur sa barcasse en aluminium pour nous accueillir, nous accompagner à notre place et nous prendre les amarres. Ici, l'accueil est une tradition. La personnalité de François fait le reste. François part le premier. Je prends la route avec Karim et le système Blablacar. Philippe prend le train le lendemain pour rentrer en Normandie. Dès que les vents tourneront, je repartiront (de serviette ?) avec d'autres équipiers. Je ne m'en fais pas trop car je me sens capable de rentrer seul si je ne trouve pas d'équipiers. Et je suis quasi-certain d'arriver à trouver quelqu'un par l'intermédiaire du club. Deux semaines plus tard, je suis de retour accompagné de Léo. Stéphane et Martial nous rejoignent sur place. Le soir même, nous prenons l'écluse pour aller dormir du côté de Carantec et être prêt à partir de bonne heure le lendemain matin, avec le courant. Léo a une bonne expérience de la navigation et nous avons déjà navigué ensemble. Je découvre une nouvelle relation avec les deux autres. La traversée de la baie de Morlaix en ce début de soirée est splendide et Martial se révèle être le photographe du bord. Le mouillage de Carantec est toujours aussi agréable.


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Quelques jours plus tard, c’est Tancarville et le chantier des Torpilleurs. Mariehamn 3 va passer l’hiver sur le terre-plein.


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