Les grandes vacances de Mariehamn 3 en juillet 2020 deuxième partie
- jlmaral
- 15 janv. 2021
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 23 nov.
Brest - Gijón - La Corogne - Port-la-Forêt
Equipage : Jean-Luc, Florence et parfois Laure
La première étape est familiale et ressemble à une expédition extrême puisque nous allons de Brest, où nous avons d’abord fait le plein d’épices chez Kerjean et de tas d’autres choses nécessaires à la vie de deux femmes à bord d’un voilier comme par exemple des légumes, jusqu’à Camaret, puisqu’il faut toujours passer par Camaret.
Nous sommes rejoints par un couple d’amis, et nous ferons quelques sorties en mer d’Iroise. Puis nos amis partis, nous descendrons vers Vannes où notre fille nous quittera puisqu’il faut qu’elle retourne travailler. En effet, depuis cette année, notre étudiante attardée travaille. Si j’ai bien compris, elle a enfin un vrai job dans un hôpital où elle boit du café, fait des piqûres, des pansements et parfois des trucs plus compliqués que son père ne comprend pas bien.

Notre équipière supplémentaire, jeune et pleine de vie, nous apprend à manier le bateau et à être vraiment performant. La voile, c’est du sport. Condition, concentration et attention sont de rigueur.

Laure nous a quitté à Vannes. Elle a rejoint son partenaire et son hôpital, abandonnant son père et sa mère en leur permettant de se retrouver comme il y a un peu plus de trente ans. La suite de la croisière sera sous l’égide des trois S : Sea, Sail…
Une escale au Palais avant d’entamer notre première traversée du Golfe de Gascogne. En effet, nous n’avons jamais encore fait cette étape. Nous avions initialement prévu d’aller en Irlande, Ecosse, et peut-être encore un peu plus cette année. Mais l’épidémie de Covid nous a fait changer d’avis et réviser notre programme à la baisse, et surtout aller plus au sud. Par un matin brumeux, pour moi tous les matins sont brumeux jusqu’à 10h, nous quittons Le Palais par un gentil vent de WSW que je qualifie de peut-être un peu fort et un peu trop sud. La suite me prouvera que j’avais raison. Nous contournons Belle-Ile par l’ouest et commençons à nous faire secouer. Comme le vent forcit, nous accélérons. J'ouvre un peu, et ça marche encore mieux. Nous sommes toujours au-dessus de sept nœuds au près pas trop serré. Hélas, ça secoue. Le problème est que ça dure, la matinée, le midi, l’après-midi, la soirée, la première moitié de la nuit et la seconde partie aussi. Puis nous sortons du plateau continental et la mer se calme un peu. Notre cap n’est pas suffisamment à l’Ouest pour rejoindre La Corogne en direct. Alors nous décidons que Gijón doit être une bien belle ville. Et comme nous ne connaissons pas, c’est une excellente occasion de s’y arrêter. Dans l’après-midi, une des deux lignes de traîne s’anime. Je me précipite sur la canne et ne peux rien faire que de constater que le fil se déroule, s’emmêle avec l’autre ligne, se déroule encore, et au bout d’un petit quart d’heure, tout casse. Je ne me décourage pas. Je démêle, répare, remet un leurre et renvoie les lignes. La scène se répète, mais les lignes ne s’emmêlent pas. Et au bout d’un quart d’heure, un thon albacore est à portée de gaffe. Mais Florence, par ailleurs excellente gaffeuse expérimentée, rate son coup, et la bête repart. Ensuite, à nouveau deux autres touches. Et tout de même, nous réussissons à hisser un poisson à bord.

Nous finirons la traversée avec poisson à tous les repas.
La nuit d’après est plus calme. Et ce n’est pas dommage. Le vent est régulier. Pour des normands habitués à naviguer en Irlande, en Ecosse ou en Cornouailles, il fait chaud, la visibilité est bonne. Nous glissons bien. Nous pouvons nous reposer. Nous admirons le noir de la nuit, la lune, et parfois au loin, un point lumineux que l’AIS nous identifie comme un bateau de pêche.

Arrivée à Gijón au petit matin. Il y a de la place, beaucoup de place. Le ponton visiteur, prévu pour une trentaine de bateaux, est occupé par un Belge, un Français, et nous. Etrange situation que cette épidémie.
A Gijón, nous visitons la ville. Nous sympathisons avec les voisins, et parfois partageons un bol de cacahouètes et un plat de thon. Et oui, il en reste.
Nous allons jusqu’au Laboral, ancienne école construite par Franco pour les enfants d’ouvriers méritants. Un style imposant que l’on a du mal à trouver élégant.

Nous louons une voiture pour aller visiter les environs. Certains ports des Asturies sont très jolis. Mais nous n’avons pas le droit d’y aller à cause de l’épidémie.

En fait, tous les ports de la côte Nord de l’Espagne sont fermés. Le seul ouvert est La Corogne. Alors après une semaine à Gijón, tous les bateaux du ponton partent pour La Corogne en direct. C’est un crève-cœur de ne pas s’arrêter dans tous ces endroits si authentiques et charmants. Alors direction La Corogne, à fond, sous gennaker toute la journée, pour une arrivée le lendemain matin très tôt.

Arrivée sur La Corogne, au loin la tour d’Hercule.


Nous passons quelques jours à La Corogne. Vélo, tapas, cacahouètes…

Les menhirs de La Corogne, face à la mer. Des sculptures modernes d'inspiration paléolithiques.

Le vent est très fort cette semaine. Et nous ne savons pas si nous pourrions relâcher à Camarinas. Alors nous restons là, tout comme les bateaux avec qui nous avons navigués de consert depuis Gijón. Puis il nous faut songer à un retour puisque la capitainette va reprendre le travail. Un bruit court comme quoi les autorités ne seraient pas trop regardantes à Viveiro. Alors nous faisons route vers le nord, contournons le cap, et nous arrêtons à Viveiro.
Le vent est maintenant plein Nord, pas vraiment idéal pour revenir sur la Bretagne. Nous faisons venir un petit camion de fuel, remplissons notre cuve, subissons un contrôle de police courtois et à distance. Effectivement, les douanes sont débonnaires et craignent le covid. Et le lendemain, nous partons pour la France avec la certitude d’avoir le vent dans le nez… et le moteur en route.

Les côtes des la Galice s’éloignent.

Premier soir en mer, une fois sortis du plateau continental.

Repas de midi du second jour, du thon bien sûr, pris à la tombée de la nuit hier, lorsqu’il a été à portée de gaffe. La nuit était tombée. Pour le gaffer, il a d’abord fallu que la capitainette le trouve. Elle m'a ensuite suggéré qu'il aurait fallu remonter mes lignes plus tôt. Elle n'avait pas tout à fait tort, alors je n'ai pas protesté. A bord, on se doit d'être tolérant envers les autres.
Dans l’après midi, nous tentons de profiter du peu de vent que nous avons et louvoyons. Pour avancer au mieux, nous envoyons trinquette en plus du génois complet. Nous avons l’impression que notre vitesse est légèrement meilleure. Au moins on peut couper le moteur pendant quelques heures, et grâce à la portée des voiles, être moins secoués. Tant qu’à se traîner à moins de cinq nœuds, tant vaut le faire en silence.

Dans ces conditions, il n’y a pas grand-chose à faire.
Nous contournons l’archipel des Glénans au milieu de la nuit et remarquons les centaines de feux de mâts allumés. On croirait une espèce de ville. Nous sommes en face de Port-la-Forêt sur le coup des quatre heures et mouillons devant la plage. Inutile de rentrer dans un port bondé la nuit, la plage suffit bien pour dormir.
Le lendemain à midi, on entre dans le port et bricolons un peu sur le bateau puisque dans quelques jours, je repartirai sur la Galice.

Autrefois, j’avais le vertige. Maintenant, j’arrive à monter au mât. Une fois en haut, je ne suis quand même pas fier. La vue est belle à 23 mètres au-dessus de l'eau, mais pas encore suffisante pour que je sois tout à fait détendu.
Baie de Concarneau, c’est joli aussi la France.

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