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Mariehamn 3 2022 Avril De la baie de Seine à Bergen

En 2022 Florence arrête de travailler et on part au Svalbard. C’est simple.

En pratique c’est juste un peu de préparation.

Le voyage a commencé longtemps avant le départ. Il a fallu équiper, modifier, réviser préparer Mariehamn3 pour les hautes latitudes et on ne savait pas forcément ce qu'il nous fallait. Alors on a lu, on a essayé de profiter de l'expérience des autres, de leurs erreurs et de leurs oublis.

En vrac et sans prétendre avoir fait les bon choix nous avons :

- Fait poser un chauffage

- Changé notre vieille annexe pour une annexe à fond rigide.

- Décidé de partir avec le moteur d'annexe thermique plutôt qu'avec l'électrique.

- Bricolé une porte souple pour nous protéger de la pluie au portant et du froid.

- Passé le permis de chasser, et ce ne fût pas une mince affaire !

- Pris (tous les deux!) des leçons de tir

- Acheté et emprunté des fusils qui tuent ....il est obligatoire d'être armé au Svalbard, avec des gros calibres, en cas d'attaque d'ours.

- Monté un régulateur d'allure mécanique, le répétiteur de notre super pilote hydraulique nous avait lâché l'an dernier et nous avions appris que les pièces n'étaient plus disponible. Nous n'avons pu le réparer qu'avec des pièces d'occasions. Alors on se méfie et on se dit qu'un truc sans électronique n'aura pas de panne de composants électroniques.

- Acheté un groupe électrogène.

- Assisté à des conférences sur la médecine en mer.

- Repris la pharmacie de Dr JY Chauve, la passer à notre fille Laure (médecin) qui nous l'a simplifiée.

- Acheté tous ces médicaments. Retenir les principales classifications et indications, lire, comprendre et apprendre les conseils qu'elle a regroupés dans un fascicule. Ce fascicule vous est proposé en annexe sur le site du CNV sous le titre la " médecine d'urgence en mer pour les nuls ". Si vous partez loin, ça peut être utile d'y jeter un coup d'œil.

- Acheté des vêtements chauds.

- Révisé la dérive, qui en avait bien besoin. En fait il a fallu faire quelques soudures.

- Plus tout le classique, l'habituel, le banal...révision des voiles, du moteur, carénage, avitaillement, équipement divers, vérification de la conformité à la division 240, cartes, .....On en a certainement oublié !



Enfin, tout a la fin, et même quelques jours plus tard nous étions à peu près prêts et on est partis. A bord il y avait Florence, François , un vieil équipier de la première heure, et les deux jumelles, Coralie et Solène deux très grandes sportives de niveau international , professeures de sport de combat, et tout petits gabarits. On a descendu le chenal de Seine, rejoint la mer et commencé à prendre du nord. Premier arrêt à Fécamp pour juste dormir, puis le lendemain matin une courte étape nous a emmenés à Saint-Valery. Hélas rares étaient les amis de quai, de pontons ou du CNV, pour cause de rallye sur Ouistreham. Le lundi 18 nous sommes partis par la première porte. Le vent était quasi nul. Une misère ! Mais comme le courant était fort car nous étions en marée de vives eaux nous étions en face du Tréport en moins de quatre heures. Apres le courant s'est inversé, nous avons rasé la côte et malgré cela notre vitesse a chuté, chuté jusqu'à un tout tout-petit quatre nœuds. Puis le vent s'est levé par l'ouest, pas un vent très fort mais suffisant pour nous donner envie d'envoyer le gennecker et de faire marcher presque aussi vite qu'avec le moteur au début puis de plus en plus vite jusqu'à plus de sept nœuds sur l'eau et de nous jouer ainsi du courant contre. Nous avons roulé le gennecker alors que la nuit tombait, déroulé le genois, enroulé ce dernier quand la nuit fût noire et sans vent et démarré le moteur.


Sur tribord, juste avant 23h une petite loupiote palichonne a clignotée quelque fois au raz de l'eau, pêcheurs ou migrants en quête d'un avenir meilleur de l'autre côté de la manche? La nuit les a faits disparaître et la loupiote palichonne s'est arrêtée de clignoter. A 0h30 nous avons Le Cap d'Alprech et son phare (trois éclats toutes les 19 secondes) au 90 et Boulogne est sur notre droite. La veille des "petites embarcations" doit être remplacée ou complétée par celle des bateaux de pêche qui entrent ou sortent du port. Le courant est maintenant portant et nous fonçons à 6,5kn. Nous serons au cap Gris Nez dans moins d'une heure. Sur tribord s'étire la file des cargos alignés sur le rail qui montent vers le nord. Bientôt nous serons le long du rail, tout prêt d'eux. Un pneumatique passe à quelques encablures sur mon arrière une grosse dizaine de personnes sont à bord. Le 16 me dit qu'un bateau militaire nommé Verdier serait en train de réaliser une opération de sauvetage de migrants. Sauvetage ou interception ? En tous cas tristesse vis à vis de ces gens en quête d'un avenir meilleur. A trois heures je réveille François et Florence et l'équipe des F prennent le relais. A 7 heures Solène et Coralie se lèvent, et c’est l'équipe des jumelles qui est aux commandes. François retourne dans sa cabine puis Florence fait de même. Juste avant ils croisent un nouveau pneumatique surchargé d'au moins tente personnes. Nous nous saluons, ils continuent, nous aussi mais pas en quête de la même chose. Le Cross demande des renseignements sur l'embarcation. Nous leur répondons. J'espère que la chance leur sourira. A la vitesse ou ils vont ils seront en Angleterre en milieu d'après d'après-midi, sauf si.... 10H30, nous entrons dans le chenal de Nieuport. Je me sens un peu ridicule d'être content d'être arrivé là pendant que d'autres sont encore en train de traverser la Manche, a 30 dans un canot pourri poussé par un moteur deux temps hors d'âge. La capitainerie nous informe que l'entrée du port va fermer pour quinze jours, alors nous repartons pour entrer à Blankenberge. Ballade en ville, on peut ne pas commenter l'architecture de cette cité de bord de mer, repas et nuit tranquille.



Ensuite nous continuons de suivre cette côte plate et triste et gagnons minutes par minutes vers le Nord. Le vent est contre louvoyons. Le soir, très tard, nous mouillons au fond de la baie juste au sud de Rotterdam, près d'une digue, seul relief à des lieux à la ronde.

Le lendemain, 21 Avril, - Ijmiden, le port de la mer du nord le plus près d'Amsterdam. Nous arrivons très tard le soir, ça souffle franchement dans la marina et l'amarrage n'est pas facile. Nous restons bloqués trois nuits pour cause de vent de norde trop fort. Pendant ce temps visite d'Amsterdam et ballades le long de la plage. Le contraste entre les hauts fourneaux de l'aciérie TATA Steel de la rive droite du port et les réserves naturelles de la rive gauche ou se situe la marina est juste incroyable. Nous en profitons aussi pour changer la batterie moteur qui donnait des signes de faiblesse et faire diverses bricoles sur le bateau. Les jumelles font des exercices d'assouplissement sur le pont et certains, sur les bateaux voisins les regardent discrètement et s'étonnent.






Lundi 25 Avril, , le temps passe, sur le papier j'avais prévu de rejoindre le nord du royaume de Danemark avant le premier Mai afin de pouvoir repartir à cette date. Une fois de plus nous repartons, bien décidés à rejoindre Thyboron au nord du Jutland , la partie non insulaire du Danemark, en une seule étape. Sitôt passé les jetés le Nordeste s'avère un peu plus fort que prévu, puis il se renforce. Nous on tire des bords, On se mouille. Il fait nettement moins chaud qu'en Normandie. On n'avance guère car le courant se renverse alors on se dit qu'on va aller passer la nuit derrière l'île de Texel (la plus au sud des îles de Frise ou îles Frisonnes) , dans une marina qui doit être bien mignonne, bien accueillante et bien abritée de ce fichu vent de Nordeste. On pense y être assez rapidement car c’est tout prêt. On a mis quatre heures pour faire neuf milles qui nous séparaient de la marina de Oudeschild car la mer intérieure se vidait alors il y avait un peu de courant contre dans la passe, après la passe et aussi tout le long de la rive pour aller jusqu'à la marina bien mignonne. Quand on est arrivé dans le bassin la nuit tombait, on était crevé, on avait fait beaucoup de moteur et le vent y soufflait autant qu'ailleurs alors on a pris un ponton, mangé et dormi en écoutant le vent siffler dans les haubans.




Mardi 26 Avril A 7H branle-bas de combat. A 7h45 nous sommes dehors, descendons le courant et sortons en une heure de la mer intérieure. Puis nous louvoyons par vent de norde. A treize heure nous sommes, presque, c’est à dire à 20 degrés près, sur la route directe. A 16 heures nous avons parcourus une bonne cinquantaine de milles et sommes heureux de ne plus louvoyer. Nous réglons le régulateur d'allure et le regardons travailler. Nous nous émerveillons devant son fonctionnement. Nous marchons au près serré, notre vitesse varie suivant le vent entre 3 et 5 nœuds, la mer est mollement parcourue par une houle modérée et même parfois un petit rayon de soleil nous contraint à ouvrir nos cols. Comme je n'en peux plus de cette canicule je vais faire la sieste.






Le soir tombe, les filles décident de faire des nouilles. Il faut respecter les traditions. Ensuite vient le quart de nuit. Je termine de sortir du rail qui mène à Hambourg et à Bremerhaven. Il y a peu de cargo ce soir, très loin derrière on devine les lueurs des phares de la côte. Sur l'avant une ligne de feux clignotants rouge qui doit correspondre à une rangée d'éoliennes. Ces installations doivent être très récentes car je n'ai aucune mention de cette présence sur ma carte. J'abats car je ne peux passer à travers, dommage, je commençais à faire un cap assez nord. La VHF crachote ses messages et je distingue un foxtrot alpha charlie 87.. qui correspond à notre indicatif d’appel, les gardes côtes hollandais me contactent pour me reprocher une traversée du rail sous un angle incorrect ; ils n'ont pas tort! Ils vont m'envoyer un rapport, j'espère qu'il ne sera pas assorti d’une amende. 3h30. La température baisse jusqu'à 5°, je fatigue, je vais me coucher et réveille les jumelles, je leur précise au passage que le prochain DST se traversera perpendiculairement. Quand je me suis couché nous longions un immense champ d'éoliennes sur bâbord, trois heures plus tard je me lève alors que nous longeons un immense champ d'éoliennes sur tribord, il n'y a qu'en France que l'installation d'éoliennes en mer est impossible ! Ici ils règlent les problèmes techniques de ces installations, prennent la décision de les déployer à grande échelle et ensuite de les faire produire et de les entretenir. D'où quelques emplois et de l’électricité. Le nombre d'hélicoptères et de bateaux rapides entre la côte et les éoliennes est impressionnant. A Amsterdam beaucoup de camions de livraison ou de bus sont électriques.


Mercredi 27 Avril Le point de midi nous place Esberg à 80 milles dans le 48, ou Hvitsand a 99 milles dans le 20. Nous savons que selon les dernières prévisions météo le vent de nord va se relever demain matin et qu'il va progressivement forcir. Nous savons aussi qu'une dépression commence à se creuser sur l'ouest de la zone et quelle va nous envoyer une grosse houle de Nord-ouest. Si nous avons renoncé à faire Thyboron en direct (ceux qui ont lu le cercle celtique se souviendrons que c'est ici que la première rencontre avec le bateau à coque noire 154 a eu lieu) nous hésitons encore entre Hysand et Elsberg, deux ports plus au sud. L'idéal serait Hysand mais c'est un peu plus loin et donc nous risquons d'y arriver après que le vent de nord se soit établit. Au milieu de la nuit le vent refuse, la moyenne baisse et Esjberg s'impose comme destination évidente. Sur le coup des deux heures du matin nous entamons le chenal d'accès au port, immense rigole naturelle, et néanmoins draguée à 14m, qui s'enfonce entre deux bancs de sables infinis sur une longueur de 9 nautiques. Comme cette arrivée impose un virage a angle droit nous sommes au travers et on fonce, bien guidés par les trois feux d'alignement du port. Ensuite nous nous rendons compte que la marina indiquée sur la carte n'existe plus alors nous allons à l'autre bout du port pour mouiller mais nous nous rendons une fois de plus compte qu'un nouveau terminal a été aménagé et que la zone de mouillage accessible la nuit n'existe plus et nous sommes obligés de revenir sur nos pas pour finalement, sur le coup des cinq heures alors que le jour se lève, découvrir une entrée de marina juste à la fin du fameux chenal. Le premier ponton est pour nous. Les amarres posées nous nous glissons dans nos draps délicieusement humides et dormons du sommeil du marin qui vient de faire une grosse centaine de milles au près serré. Plus tard brunch, douche, courses, apéro, repas, et à nouveau ce fameux sommeil.



Le lendemain, visite de la ville, sport pour certaines, douches, lecture, photo des statues près du musée des pécheurs, nous laissons passer une vague de nord un peu soutenue.




Samedi 30 Avril Depart du ponton a 9 heures. La rigole draguée a 14m est parcourue au près bon plein en une heure et demi. Puis on louvoie, et c'est bien connu, qui louvoie merdoie. On se faufile entre les champs d'éoliennes. Parfois un chenal est matérialisé. Enfin on arrive à doubler la cap Blaavands Huk au nord d'Esjberg, et nous pouvons prendre une route presque Nord, quasiment sur la route directe , enfin , à 15 degrés près. C'est clair au printemps en cette région les vents dominants sont de Nord. A 18 heures nous sommes a la latitude de Hvitsand et le vent nous abandonne, moteur. La nuit tombe et je reste seul. Le vent revient, j'envoie tout. Une heure plus tard j'enroule un peu le solent. Puis je loffe à fond pour laisser passer un remorqueur et sa plate-forme. A minuit je prends un ris. A une heure le bateau fait des bons de vague en vague et je commence a me dire qu'il serait bien pour ceux qui dorment, ou qui essaient, que j'enroule le solent pour mettre la trinquette ou que j'enroule encore un peu la voile d'avant. Un quart d'heure plus tard la mer est franchement formée et il n'est certainement plus possible d'avoir au près un passage souple dans le clapot alors on reste comme on est et on fonce, pendant ce temps les équipiers sautent sur leurs couchettes. Nous gagnons doucement vers le nord et les bateaux sont de plus en plus nombreux, soudain un de ceux-ci qui marchait sur notre tribord vire à 90 degrés vers la côte et vers nous. Un gros doute m’habite, un peu de frayeur aussi. Je le contacte à la VHF, il me répond et m'assure qu'il m'a vu et qu'il prévoit de passer juste sur notre arrière. Trois minutes plus tard je regarde défiler sa muraille derrière l'annexe et il me cache les étoiles du sud. Sans l'AIS je serais mort de trouille, avec je suis juste impressionné et pense qu'il aurait pu attendre 5 minutes de plus avant de virer. peu après trois heures je sens le vent qui commence à mollir et j'appelle les jumelles : elles sont sur le pont bien trop vite pour avoir été réveillée. Elles prennent les commandes et je vais me coucher et sauter dans ma couchette. Je sens le vent mollir doucement, je les entends finir de dérouler le génois, puis je les entends lâcher le ris, tout ça sans difficulté. Elles ont été formées à l'école CNV et ça se remarque. Dimanche 1 Mai. J'avais prévu de quitter le Danemark à cette date, c’est fait. J'avais prévu de faire Thyboron-Stavenger en direct : ce ne sera pas possible pour cause de Nord-ouest trop fort sur la côte sud-ouest de la Norvège durant la nuit prochaine. Pas grave, on profitera de quelques étapes le long de la côte sud et dès que le temps sera manoeuvrable on passera cette partie de la côte Norvégienne qui est décrite dans les guides comme étant particulièrement difficile pour la plaisance à cause de son temps très variable et de la mer qui se forme très vite quand le temps se dégrade. Sur le coup des 17H nous faisons un cap qui nous permettrait de laisser la pointe de Lindesnes sur tribord et de s'arrêter juste après dans un village nommé Korshavn . Si la météo ne le veux pas, nous entrerons en Norvège plus à l'est. Pour l'instant le vent est nul, d'un moment a l'autre nous devrions avoir de l'ouest, 20 à 25kn et on devrait pouvoir couper le moteur. La pointe de Lindesnes est à 20 milles, on commence à croire qu'avec un peu de chance on devrait pouvoir la laisser sur tribord. A une dizaine de nautiques le vent adonne et se renforce enfin, on marche à la voile. Puis, comme prévu il tourne vers l'ouest et on peut choquer, on accélère et entrons dans la baie à plus de 8kn. Ensuite on enroule et on commence à serpenter entre les cailloux On affale la grand-voile voile et continuons de nous enfoncer dans la baie, contournons un phare à capuchon rouge et arrivons au mouillage où la profondeur passe de 40 m à 8m en moins d’un quart d’encablure. Les maisons sont rouges ou blanches, elles ont des terrasses en bord de mer qui se prolonge par un petit quai privé. Toutes arborent le drapeau rouge à croix bleue et blanche. La mer est plate, les ombres longues et nos yeux piquent, nous venons de faire 170 milles au près ou parfois au moteur. Bierre, Repas, tisane et calva des twins. Dodo.




Lundi 2 Mai. Pas de soleil de matin mais des bourrasques qui alternent avec des périodes de calme plat. Sitôt le nez dehors un crachin glacé se met de la partie. On débarque, l'annexe et son moteur 4cv fait merveille, on marche sous la pluie, c'est le même crachin que celui qui tombe en Bretagne en Février, l’expression même du bonheur et l’assurance de ne pas avoir trop de monde sur les plages, au mouillage et aux terrasses de café. D’ailleurs il n’y a pas de café mais juste une épicerie, poste, boulangerie, boucherie. Le petit village est magnifique, entretenu, et il doit pouvoir être gai quand le soleil brille. Après quelques courses dans cette unique boutique de ce petit bout du monde, on retourne à bord. Toujours sous ce crachin qui hydrate si délicieusement nos visages de marins. Ensuite ballade à terre pour les filles et pèche en annexe pour les garçons. De même que c'est toujours les hommes qui allument le barbecue et font griller la viande ce sont forcément eux qui bravent les flots pour aller, de dure lutte, prendre ces poissons qui leur vaudront compliments et admiration. Les filles ont pris l'air, nous rien, alors on a mangé des nouilles avec les lardons que les filles avaient pensé à acheter et on s'est couché tôt.




Mardi 3 Mai. Une étape pas trop longue pour contourner cette partie sud de la Norvège. Un arrêt pèche (ou deux) nous permettent de remplir le frigo. Certaines des équipières découvrent la pèche et les poissons locaux. Le soir on s'arrête dans un autre mouillage, on cuisine le poisson, on le mange, on met un casier à crabe afin de ne pas gâcher une si belle tête de morue.




Le lendemain matin on relève le casier, juste histoire de ne pas mourir de faim




Mercredi 4 Mai. Un renforcement du vent de nord est prévu pour cette nuit et demain. Nous rejoignons le port d’Egersund , bien abrité et où nous espérons pouvoir bénéficier de douches. Le port est immense, la marina grande, les places larges, les pontons propres, les douches chaudes, la machine à laver marche et en plus c’est très bon marché. Le jour d'après on se lève tard , on va faire les courses en ville, les jumelles vont courir, on mange du poisson, on part en randonnée dans le parc situé au-dessus de la ville, on lave le bateau, l'annexe, fait quelques bricolages, je plonge dans une eau à 10°C pour débloquer une des bosses de la commande de la dérive qui était passé sous un des patins de friction et la journée est finie, le coup de vent s'essouffle demain nous pourrons repartir.




Vendredi 6 Mai.

Un grand moment: Aujourd'hui renverse de vent, ça va souffler sud. On part pour Stavanger, une étape de 70 nautiques mais sous la pluie. On s'en moque car on a du Sud, du vent portant, on va avancer sur la route directe. On part avec une grand-voile et le genois, ça avance mais parfois un peu mollement, alors on sort le gennecker de sa housse et on envoie la grande voile bleue. On avance plus vite. On s'en réjouit, puis on s'en régale. Il suffit de peu pour réjouir un voileux. A tour de rôle nous commentons l'efficacité de ce plan de voilure et exprimons notre satisfaction en la comparant aux étapes précédentes qui ne furent que bords et contrebord au près associés à de longues heures de moteur. Nous évoquons aussi le ratio heure de voile/heure moteur et pensons à tous ces purs voileux qui déclarent ne se servir du moteur que pour entrer et sortir des ports mais qui totalisent 1200 heures sur leur compteur alors que leur bateau a tout juste 10 ans et qu'ils n'ont jamais dépassé la pointe Bretonne. A la date du 6 Mai notre fameux ratio est de 54% , une misère mais nous sommes en Norvège et bien décidé à tirer ce chiffre vers le haut , pour notre plaisir. Et sur cette étape c’est voile exclusive. Une grande partie est en plein vent arrière , voiles en ciseaux afin de ne rien perdre de ce vent pas toujours très fort et de ne pas risquer d’être pris par une rafale au détours d’un fjord , les jumelles sont à la barre et le maintien du cap associé au contrôle des rafales requiert toute leur attention, sous le contrôle de l’amirale, grande spécialiste de la tenue du cap voiles en ciseaux. Parfois ça claque un peu malgré la concentration de la barreuse mais ça marche et tout le monde est content. Rarement un des deux hommes du bord prend la barre et confirme rapidement qu’il vaut mieux une femme à la barre qu’un bipède à station à station verticale barbu.








Nous prenons un ponton à la marina de Stavanger qui est de l’autre côté du bras du fjord, en face du centre-ville, ça risque d’être plus calme que de l’autre côté mais il nous faudra passer le pont pour arriver au centre-ville.

Le lendemain ballade en ville, courses, et pas de douche car on n’a pas pu payer la marina, le brave employé à qui on a téléphoné (comme indiqué sur le panneau d’accueil) était en week-end alors comme il n’envisageait pas de se déplacer sur son temps libre il nous a dit que c’était gratuit.


Dimanche 8 Mai.


Comme nous avons décidé d'aller voir le Lysefjorden nous quittons le ponton tôt. Il fait 10°C dans le bateau et un peu moins au dehors. La manœuvre de départ est aussi réussie et facile que celle d'arriver fut difficile et approximative. Nous passons sous le pont de Stavanger, hauteur libre 24m, je ne peux m'empêcher de rentrer la tête dans les épaules, pourtant je sais très bien qu’il y a deux mètres de plus.

Nous mettons sous voile par un petit force trois glacé et tournons quelques iles, nous entrons dans le Hogfjorden puis sur bâbord dans le Lysefjorden. Entre ces montagnes abruptes c'est moteur. Le paysage est écrasant, les à-pics tombent dans ma mer, la crête est à 600m au-dessus de nous. En dessous la profondeur varie entre 20 et plus de 200m, au ras du rivage.






De nombreux bateaux de touristes nous doublent de toute la puissance de leur moteurs, certains ont un hors-bord de 450CV, les passagers sont habillés de vêtements bleu et jaune aux couleurs de la société qui organise ces excursions. Vu la température il vaut effectivement mieux être très couvert pour filer sur l'eau à plus de 100km/h. A Pulpit Rock nous faisons demi-tour. Pulpit rock fait penser à un plongeoir qui surplombe l'eau de 605m, là-haut les gens que nous voyons sont des fourmis.




Retour à la voile, au louvoyage dès que nous avons passé le pont du Lysefjorden. Bords et contrebords s’enchainent, le vent est contre nous mais d’une force tout à fait agréable et dans ces fjords ou sous la protection des iles il n’y a pas de clapot alors un vent faible nous permet de marcher à une vitesse tout à fait suffisante pour aller mouiller environ à une douzaine de milles dans le nord de Stavenger, à Finnoy. Il y a un peu plus de vingt ans nous étions là avec notre fille de 10 ans, à cette époque pas encore médecin mais déjà décidée à le devenir. Notre bateau était beaucoup plus modeste et nous l’avions transporté par la route jusqu’à Stavanger.




Lundi 9 Mai


Notre prochaine étape est Haugesund, nous visons le ponton du centre-ville. Le vent est portant, toujours, notre ratio voile /moteur s’améliore de beaucoup. C’est une ballade de santé, dérive relevée, confort total, soleil, la température frise les 14 degrés au soleil, cela devient indécent, on étouffe presque. François se désintéresse de la navigation car en ces fjord la 4G est partout ou presque, il en profite pour lire un peu, pour charger ses journaux favoris et peut être faire un tout petit somme, une micro sieste, un repos de rien du tout pendant lequel un des membres de l’équipage en profite pour le prendre en photo.




Quand il se réveille on est dans le chenal d’accès à Haugesund, on ne lui dit as qu’il a dormi deux heures et il ne comprend plus quand on passe sous le pont, juste avant Haugesund. Il faut dire que nous avons eu 20-25kn au portant, c’était magique, maintenant on est dans la partie plaisance du port, bien encombrée, les places faciles d’accès sont prises, ne reste qu’une place ou deux d’accès difficile et il y a toujours 20-25 kn de vent, c’est moins magique. Après un essai assez raté je me mets en marche arrière, dans le sens du vent sur le ponton, Florence descend passer une amarre, Coralie veille au grain avec un gros pare battage en restant sur la jupe. A toute les deux elles font merveille. Une fois l’amarre passée et bien assurée au taquet YAPUKA tirer sur d’autres bouts pour faire venir le voilier parallèle au ponton, c’est tout simple mais par 20k-25kn de vent ça demande un peu de conviction. Un pépère local vient nous prodiguer ses conseils : où que l’on soit un vieux du coin a toujours de bons conseils à donner car lui sait bien faire puisqu’il est d’ici. Il en profite pour engager une conversation avec Florence pendant qu’elle tire sur son bout, parfois elle lui répond, alors il continu. La scène est assez cocasse, je m’abstiens de le faire taire à coup de manivelle de winch et descend aider à tirer sur le bout, le bateau vient et on s’amarre. Nous remercions chaleureusement le vieux pour ces conseils. Je me dis que j’ai eu de la chance il aurait pu me conseiller de changer mon propulseur d’étrave pour un modèle plus puissant à seulement 20 ou 30 k€.




Plus tard l’employé du port passe et comme son terminal de carte bleue est en panne il nous fait le port gratuit.


Mardi 10 Mai


Toujours vent de sud, on part, on en redemande. La manœuvre pour partir est facile, c’est l’inverse de celle pour arriver mais il n’y a pas à tirer. Une navigation sans histoire le long de passages ou de fjords qui nous protègent de la houle du large, nous croisons une vingtaine de passeurs ou de ferrys plus des cargos qui font route ou qui arrivent de Bergen, la deuxième ville de Norvège. Les arbres commencent à devenir verts, les dernières plaques de neige finissent de fondre sur les sommets. Le soir on s’arrête dans une petite crique et on mouille.

Comme nous n’avons pu pêcher à cause du vent de sud trop fort nous mettons le casier assorti de sa très jolie boule rouge, spécialement acheté par Florence à Haugesund car c’était la plus belle de la boutique.

Le lendemain matin nous avons deux crabes qui sont immédiatement mis à cuire.






Mercredi 11 mai 22


Le vent est toujours de secteur sud et on en profite. Plus nous nous approchons de Bergen plus le trafic devient intense. Nous autres, les gens de la Manche nous avons l’habitude des grand ports, des rails, des entrées et des sorties de ports avec des bateaux de pêche, il suffit de s’écarter du chenal, voire de rester sur un côté et tout va bien. Ici c’est un peu différent, les passages étroits mesurent moins de 500m et il faut croiser des cargos ; des bateaux de pêche gigantesques, des remorqueurs, des ferrys, l’express côtier qui ne descend jamais en dessous de 20kn, et parfois, rarement fort heureusement une plate-forme pétrolière en remorque. Le temps est gris et changeant, à dire vrai plus on s’approche de Bergen plus c’est pourri. Après les ponts on aperçoit Bergen, puis la ville disparait sous des trombes d’eau. Tout le monde descend, je reste à la barre, dans la même situation qu’il y a vingt ans où j’étais arrivé au quai sans le voir sauf quand j’étais à une dizaine ou une vingtaine de mètres. Aujourd’hui c’est plus facile, Bergen réapparait alors qu’on est encore à deux milles. L’entrée du port est encombrée de trois paquebots de croisière. Il pleut à verse, on s’arrête acheter du gazole et on découvre que le prix a baissé depuis le sud de la Norvège, c’est presque dommage qu’on ne puisse en faire entrer que trente litres !




Nous sommes en ville, bien mouillés, en plein centre-ville, près du marché à poissons à couple avec un AR57 à côté duquel nous faisons bien petit.

Pendant deux jours on nettoie le bateau, on traine en ville, on visite monuments et églises, on parcourt des ruelles ou les maisons en bois sont parfois de l’époque où à Bergen se créait la Ligue Hanséatique.




La première partie du voyage est faite. Après demain François prends le vol pour Oslo de la mi-journée pour ensuite aller jusqu’à Paris. Samedi matin les jumelles prennent le train pour Flam à 8H30 puis Fabrice et Philippe arrivent par le vol de Paris de 11H. Ils seront à bord pour midi. Une autre étape commencera.


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